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Contre la tactique de l’horloge


par Tom Nisse (Luxembourg) - présenté par la Mission culturelle du Luxembourg

VILLA BELLEVILLE - USINE, 23 rue Ramponneau, 75020 Paris


Nuit de la littérature - Ramon Erra

Année de parution : 2016

Édition : Dernier télégramme

TExtraits interprétés par Tom Nisse, accompagné d’Alice Perret au violon


Nuit de la littérature - Indrek Hargla

Résumé :

"Contre la tactique de l’horloge, c’est être contre la logique mortifère, fascisante, de l’époque, celle qui voudrait redonner la part belle aux petit.e.s chef.fe.s, celle qui, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle pense, semble toujours dépourvue de cœur. (…) De l’Italie à Berlin, en passant par le Luxembourg, pays d’origine, la Belgique, pays d’adoption, et Paris, « pays » de ses nuits belles et sexe, Nisse convoque Pasolini, Guattari, Dada, les compagnons de lutte, politique et poétique, les compagnes d’un soir, ou plusieurs, et leurs corps super chauds, pour nous donner à lire un véritable manuel de survie en période trouble. "

Vincent Tholomé

Biographie de l’auteur :

Tom Nisse est né en 1973 au Luxembourg. Il vit à Bruxelles. Tom Nisse Participe fréquemment à des lectures et des performances poétiques et organise divers événements culturels. Il collabore avec des artistes de toutes les disciplines et pratique des interventions plastiques intégrant le langage. Il est aussi traducteur de et vers l'allemand. Il a publié une quinzaine de recueils et de plaquettes de poésie et de proses courtes parmi lesquels : Reprises, Éditions L'Arbre à paroles 2011, Diasporas, Éditions Tétras Lyre 2013, Reprises de positions, Éditions Microbe 2013, Après, Éditions Phi 2015, Contre la tactique de l'horloge, Éditions Dernier Télégramme, 2016.

 

Critiques

https://dissidences.hypotheses.org/7391

Tom Nisse, Contre la tactique de l’horloge, Limoges, Dernier télégramme, 2016.

Un compte rendu de Frédéric Thomas

« Que signifie ton silence ? » interroge Calendrier, qui ouvre ce recueil (p. 7). Et la question de se poursuivre au fil des pages et des saisons, des rapports et des opérations, et des voyages entre Berlin et Paris, en passant par Wissant et la Belgique. Fragments de vie, d’instants, de sexe et de luttes autour des sans-papiers – l’occasion de recroiser le beau visage de Pascal Marchand « et de son sourire qui disait malgré » (p. 46) – souvent chargés, parfois drôles ou même réjouissants, comme La mayonnaise (p. 33), et qui se présentent tous sous l’angle de la rencontre – jusqu’aux « regrets qu’il reste à rencontrer » (p. 9). Mais d’une rencontre inaugurale, marquant le début d’autre chose, autrement.

Il y a moins un retour qu’un recours à l’écriture. Faisant appel à ce qui se joue là, au feu de ces rares moments et dont l’écriture serait non seulement la mémoire, mais aussi comme l’annonce ou le prélude : « J’ai soif de délivrances qui tardent. Ceci en est le début » (p. 64). Écrire a donc partie liée avec ce qui (se) délivre de la carcasse du temps, sans pouvoir à lui seul assurer cette délivrance. À plusieurs reprises dès lors, les « chutes » de ces poèmes en prose disent et la proximité et la limite de ce travail d’écriture : « Ceci n’est pas une conclusion » (p. 24) ; « Au tournant des années lorsque je regarde et qu’il m’est impossible de pleurer » (p. 26) ; « Il reste des chemins. Il reste des endroits » (p. 77)…

La fausse naïveté de certaines de ces pages constitue plutôt le renversement de l’innocence – « Pourquoi le désespoir ne pourrait-il pas engendrer ? » (p. 12) – ainsi que la volonté de s’en tenir à quelques évidences : « l’insubordination est parfois l’unique et exacte altitude de l’homme (p. 57) ». Cet élan, cette soif de rencontres se joue à contre-temps, sur une durée imprégnée d’autres temps, qui disputent à l’horloge sa tactique du vainqueur. Walter Benjamin célébrait, au soir du premier jour de combat de la révolution de Juillet [1830], les gens qui, au même moment et sans concertation, en plusieurs endroits de Paris, tirèrent sur les horloges (Sur le concept d’histoire, 1991). Ces poèmes en prose de Tom Nisse participent du même geste.

 

Tom Nisse : Contre la tactique de l’horloge

By Florent Toniello | 2016-07-04 | Kultur

Le poète luxembourgeois, dont le woxx a déjà présenté le travail revendicatif et imprégné d’esprit de performance, publie aux éditions du Dernier télégramme ce recueil de prose poétique qui fait la part belle à l’évocation fragmentaire et réaliste de tranches de vie. On y trouvera pêle-mêle des hommes, des femmes, des villes, des rêves ou des lectures. On apprendra aussi à mieux connaître la voix singulière de Nisse, pour qui la disparition des moineaux « est une des raisons pour lesquelles [il se sent] de plus en plus éloigné de l’humanité et de ses bruits sur le goudron ». Car c’est à une exploration de l’humanité, certes parfois un peu désabusée, que le poète se livre. Tour à tour manifeste politique (« J’estime que personne ne peut me représenter » à propos de la démocratie représentative), hymne à l’amour physique (« Nous enroulons l’eau chaude autour de nous, le temps s’épaissit ») ou micropanthéon personnel où l’on croise poètes et poétesses dans leur quotidien, « Contre la tactique de l’horloge » est un ouvrage dans lequel la pureté du style rencontre l’infinie complexité des méandres de l’esprit. Il saisit l’inexorable marche du temps et la difficulté d’être au monde lorsqu’on a choisi de ne pas céder au conformisme.

 

novembre 9, 2016

Tom Nisse : Contre la tactique de l’horloge

par Vincent Tholomé

Peut-on encore, de nos jours, écrire une littérature engagée sans verser dans un romantisme creux et naïf ? Mais oui ! Bien sûr ! Le dernier recueil en date de Tom Nisse, excellente chose à lire, en est un bel exemple. Contre la tactique de l’horloge, c’est être contre la logique mortifère, fascisante, de l’époque, celle qui voudrait redonner la part belle aux petit.e.s chef.fe.s, celle qui, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle pense, semble toujours dépourvue de cœur. La stratégie de Nisse ? Mettre en avant, dans de courts textes en prose, ceux et celles qui lui permettent, lui ont permis, de lutter. De résister à la tornade ambiante. De l’Italie à Berlin, en passant par le Luxembourg, pays d’origine, la Belgique, pays d’adoption, et Paris, « pays » de ses nuits belles et sexe, Nisse convoque Pasolini, Guattari, Dada, les compagnons de lutte, politique et poétique, les compagnes d’un soir, ou plusieurs, et leurs corps super chauds, pour nous donner à lire un véritable manuel de survie en période trouble. Un livre anarchiste à compulser pour ne pas lâcher prise. Ultime façon de passer l’époque « tenaces » et « agréablement égarés ».

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